Lundi 30 mai: Le Texas est un des plus grands, sinon le plus grand état des Etats-Unis et ça paraît. Ici, tout est BIG.  Lorsque nous avons traversé Houston en direction de San Antonio, nous avons roulé sur un tronçon d'autoroute de sept voies Express bordé de six voies de service pour un total de 13 voies direction Ouest et autant direction Est. 26 voies de large, cé pas d'la petite autoroute ça !! En route, nous avons vu un centre de distribution Walmart qui devait occuper à peu près la même superficie que notre ancien site GM à Ste-Thérèse. Les usines pétrochimiques s'étendent sur plus d'un demi-kilomètre de long avec leurs milliers de tuyaux qui s'entrecroisent et les dizaines de cheminées et grues qui semblent pousser comme une forêt de bambous. C'est tellement grand que les employés y sont transportés par autobus, style autobus scolaires mais blancs. Nous en avons croisé un cortège de près d'une trentaine à la queue leu leu. Avec un thermomètre qui ne descend à peu près jamais en-dessous du 30°C le jour (près de 45°C avec facteur humidex), ben le Texas est BIG, HOT et d'une URBANITÉ assez INDUSTRIELLE. On s'attendait à ce qu'il fasse chaud et d'être au cœur du BIG AMERICA mais on pensait que le Texas serait plus campagnard peut-être même peuplé de grands élevages et de cowboys. Eh! les idées préconçues! Mais pensez pas qu'on imaginait que les Indiens courraient encore après les cowboys.

Après notre visite de San Antonio qui nous a plongé dans un décor presque européen, on a préféré fuir les alentours un peu trop moderne et partir ce matin se balader sur la route des missions, ces constructions édifiées dans les années 1700 par les franciscains pour répondre aux exigences du colonialisme espagnol. Donc, pour ceux et celles que ça intéresse, voici un peu leur histoire.

Les premières missions étaient plutôt des petites communautés ouvertes dont les maisons étaient construites de bois et d'adobes (petites briques séchées faites d'un mélange de terre et de paille) autour d'une église centrale. Les résidents de ces missions étaient composés d'Espagnols de souche, d'Indiens autochtones et de métis, en plus des Franciscains. Plus tard, comme les tensions entre les habitants des missions et les autochtones (Comanches et Apaches) grandissaient, on a commencé à entourer les constructions de murs pour se protéger. Aujourd'hui, ce qu'il en reste est un rappel des efforts qu'ont fait d'une part, l'Espagne pour étendre son empire colonial vers le nord à partir la Nouvelle-Espagne (aujourd'hui le Mexique) et, d'autre part, les Franciscains pour étendre leur propre empire religieux en convertissant les autochtones au catholicisme. L'idée était de les sauver en faisant disparaître, pour leur bien, leurs rites païens et leur culture primitive en leur inculquant les valeurs religieuses de la société espagnole.

 

Nous commençons par la mission Nuestra Senora de la Purisima Conceptiòn. L'église a pratiquement conservé l'aspect qu'elle avait au moment de sa construction au milieu des années 1700.

 

 

Les brochures disent que les franciscains dirigeaient leurs missions d'une main de velours. Ils se voyaient plus comme les protecteurs des Indiens que comme des profiteurs. À l'origine, ces Indiens étaient des nomades chasseurs appelés Coahuiltecans. Ils se déplaçaient selon les saisons à la recherche de nourriture. Ils se tenaient en bandes possédant chacune son dialecte et ses pratiques religieuses.  En échange de leur conversion, les franciscains leur ont fournis protection, gîte et nourriture, tout en leur apprenant l'agriculture, l'élevage de bétail et la fabrication d'outils. Malgré leurs prétentions à posséder la «Vérité» tant culturelle que religieuse, les Franciscains ont malgré tout participé à l'exploration des terres vers le nord en jouant le rôle de cartographes, de diplomates, d'observateurs scientifiques et de chroniqueurs.

Comme dans tout ce type de site, si vous en avez la patience, vous pouvez en apprendre beaucoup sur l'histoire en lisant les panneaux d'informations . . . comme ma blonde aime bien le faire.

 

En 1720, Fray Antonio Margil de Jesus fonde la mission la plus connue, San José y San Miguel de Aguayo (il faut que vous reteniez tous ces noms, il y aura un quiz plus tard). Cette mission fut considérée comme un modèle d'organisation et un centre social majeur. C'est pourquoi on l'appelle "Queen of the Missions".

On peut s'y méprendre en regardant cette église et se croire en visite dans quelque village médiéval de l'Espagne. Son architecture reflète les influences espagnoles et maures de l'époque.

 

On peut y voir encore les murs qui ont été érigés tout autour avec les maisons des Indiens qui y sont adossées.

 

 

 

Les moines habitaient des chambres sur deux étages derrière l'église. Il n'en reste aujourd'hui que les murs de soutien. On dit qu'il y avait tellement de gibiers aux alentours que les moines pouvaient chasser directement de la fenêtre de leur chambre.

 

 

La mission San Francisco de los Tejas est la plus vieille de l'Est du Texas. Elle fut fondée en 1690 et renommée San Francisco de la Espada en 1731. Elle a été construite à la manière d'un village espagnol afin d'y reproduire le même style de vie. Les habitants y apprenaient les métiers indispensables à la vie de village, charpentier, maçon, tailleurs de pierres, réparateurs de matériel agricole, etc.

 

Certains arbres semblent aussi vieux que les missions et semblent également porter le lourd poids des ans. S'ils pouvaient parler, ils auraient surement des tonnes d'histoires à raconter !

 

Nous terminons cette tournée par la mission San Juan Capistrano qui, à cause de ses terres fertiles et de ses grands pâturages, permettait d'approvisionner la région en produits frais. On y cultivait à l'extérieur des murs des pêches, des melons, des citrouilles, des raisins et des poivrons. L'irrigation des champs permettait de faire pousser le blé d'Inde, des fèves, de la patate douce et aussi de la canne à sucre. On a même dénombré vers 1762 plus de 3,500 moutons et autant de vaches. Durant les bonnes saisons, ils pouvaient faire du troc avec les autres missions.

 

Ce fut donc une super belle matinée, pleine de découvertes surtout que la météo prévoyait jusqu'à 60% de risque d'orages forts. Et bien, pour cette fois, ils sont passés à côté et c'est tant mieux.

Je termine cette journée par cette superbe photo de ma blonde dont la chevelure nous montre spontanément les deux côtés de sa personnalité. À gauche, des cheveux bien placés nous indiquent son p'tit côté intellectuel, cartésien. À droite, des cheveux rebelles qui ne tiennent pas leur place, nous montrent son côté givré, un peu fou, pas trop mais juste assez. Et ce magnifique sourire qui équilibre le tout.