Comment interpréter la lumière ?

Nous avons vu dans les capsules précédentes que les réglages de votre appareil photo pour une exposition correcte se font à l'aide du diaphragme ou de la durée d’exposition. Chaque modification de l'un ou l'autre de ces deux paramètres multiplie ou divise par 2 l’éclairement reçu par le capteur. Nous disposons donc d'une mesure en "logarithme de base 2" qu’on appelle l’indice de lumination (IL) ou Exposure Value (EV) en anglais et que nous avons aussi appelé STOP. Les indices de lumination ou STOP s’expriment généralement sur une échelle qui va de 1 à 20.

On appelle plage dynamique (PD) ou "dynamic range" en anglais, l'étendue des tonalités entre le blanc le plus clair et le noir le plus foncé qu'il est possible de percevoir. L'oeil humain possède une plage dynamique exceptionnelle qui couvre toute l'échelle de 1 à 20 STOP et peut même, pour certains, atteindre 24 STOP. L'oeil peut donc percevoir des détails dans des blancs et des noirs séparés par une plage dynamique de plus ou moins 20 STOP. Le problème, en photographie, c'est que les capteurs des appareils les plus performants à l'heure actuelle ne peuvent distinguer les nuances qu'à l'intérieur d'une plage de 8 à 12 STOP.

La limitation de la plage dynamique d’un capteur électronique est un vrai problème pour le photographe, car généralement les contrastes agréables que nous voyons dans la scène à photographier ne correspondent pas aux contrastes recueillis par l’appareil photo. Le but que nous avons quand nous prenons une photo est d'obtenir une image le plus proche possible de ce que nous voyons avec des détails dans les noirs et dans les blancs. Ce n'est qu'en ayant une bonne exposition qu'on peut y arriver.

Mais si notre oeil et le capteur de notre appareil photo n'ont pas la même plage dynamique comment s'assurer que la photo prise soit le plus près possible de ce que nous voyons ? Il faut vous souvenir que c'est le posemètre de votre appareil qui vous permet de mesurer la lumière de la scène. Vous avez donc deux choix, vous fier à sa mesure ou savoir l'interpréter et la corriger s'il le faut. Pour pouvoir interpréter cette lecture, vous disposez d'un outil très intéressant, l'histogramme. 

 

Mais qu'est-ce que l'histogramme ?

C'est un graphique qui montre une courbe représentant la répartition des pixels de l'image en fonction de leur luminosité. Il vous permet de visualiser directement et immédiatement l'exposition de votre photo. À gauche du graphique se trouvent les tons foncés et à droite les tons clairs (sur une échelle allant de 0 à 255, 0 correspond aux tons foncés purs, les noirs, et 255 aux tons clairs purs, les blancs). Entre les tons foncés et les tons clairs s'étendent les tons moyens (les nuances de gris). Plus la courbe est haute plus il y a de pixels dans tel ou tel ton.

Voici comment l'histogramme se présente derrière un appareil Nikon D300

 

Il n'existe pas d'histogramme idéal. Sa forme est directement dépendante de la variété de tons présents dans l'image et du nombre de pixels de chacun. Au moment de prendre une photo, on peut toutefois appliquer un principe simple: on évite les pixels fortement tassés sur la droite de l'histogramme ou sur la gauche. Une courbe trop tassée sur la droite indique une surexposition avec des pixels (des blancs) brûlés. Une courbe trop à gauche indique des pixels (des noirs) dits bouchés. Ces pixels ne pourront révéler aucun détails même par des manipulations minutieuses en post-traitement.

Pour avoir la meilleure image possible, c'est donc une bonne idée de prendre une première photo de la scène à photographier puis de lire l'histogramme. Il est ainsi possible de vérifier immédiatement si les ajustements choisis sont corrects et procéder à des modifications s'il y a lieu. Meilleure sera l'exposition, moins de travail vous aurez à faire par la suite dans votre logiciel de retouche en post-traitement.

 

Afin d'illustrer tout çà et de mieux comprendre ce que je viens de décrire, considérons trois situations types que vous pourrez rencontrer.

Situation #1: il y a dans la scène à photographier, une forte proportion de tons clairs et moyens et peu de tons foncés. La courbe de l'histogramme va alors toucher la droite et s'étendre graduellement vers la gauche. Le fait que certains pixels se retrouvent au niveau 255, vous comprendrez que ceux-ci sont brûlés et que vous ne pourrez y voir de détails.

Voici un exemple d'une telle situation.

Cette image semble être surexposée. Vous remarquerez qu'il n'y a aucun détails visibles dans la neige et dans les nuages blancs.

Une observation de l'histogramme de cette image nous permet de voir qu'il y a une forte quantité de pixels concentrés à la droite de l'histogramme. On parle de "blancs brûlés".

La vue d'un tel histogramme nous incite donc à modifier les paramètres de notre exposition afin que l'histogramme s'étende un peu plus vers la gauche. 

 

Une correction de l'exposition aura alors permis d'obtenir une image mieux équilibrée avec du détail dans les blancs.

Vous remarquerez que l'histogramme s'est tassé vers la gauche sans avoir de pixels brûlés.

 

Situation #2: il y a dans la scène à photographier, une forte proportion de tons foncés et moyens et peu de tons clairs. La courbe de l'histogramme va alors toucher la gauche et s'étendre graduellement vers la droite. Le fait que certains pixels se retrouvent au niveau 0, vous comprendrez que ceux-ci sont "bouchés" et que vous ne pourrez y voir de détails.

Voici un exemple d'une telle situation. 

Une première photo m'a vite permis de réaliser que j'avais probablement sousexposé. Il manque beaucoup de détails dans les tons foncés et même dans les tons plus clairs.

Un rapide coup d'oeil à l'histogramme a confirmé mon impression. Vous remarquez que la courbe est complètement tassée sur la gauche. Il y a beaucoup de pixels foncés qui sont bouchés.

 

Une correction de l'exposition aura alors permis d'obtenir une image mieux équilibrée avec du détail dans les tons foncés.

Vous remarquerez que l'histogramme s'est tassé vers la droite. Il n'y a presque plus de pixels bouchés. Une plus forte correction aurait eu comme effet de tasser encore plus l'histogramme vers la droite mais en brûlant probablement des pixels blancs. Il s'agit de trouver le juste milieu.

 

 Situation #3: il y a dans la scène à photographier, une uniformité dans les tons clairs et foncés. Aucun pixel se retrouve au niveau 0 ou au niveau 255. Nous pourrons voir des détails dans tous les tons.

Voici un exemple d'une telle situation

La première photo prise donne un résultat correct. Donc pas besoin d'apporter de correction. 

L'histogramme présente une courbe en forme de cloche sans pixels trop à droite ou trop à gauche. Même si cet histogramme représente une mesure d'exposition correcte, veillez noter que j'aurais pu y apporter une légère correction dans le but de décaler la courbe légèrement vers la droite. 

 

Vous devez retenir de tout ceci que si voulez une photo correctement exposée, aucun pixels ne doit se retrouver dans la zone 0 ou 255 de l'histogramme. Généralement, c'est une bonne idée d'exposer pour les tons clairs en s'assurant que l'histogramme se trouve le plus à droite possible sans qu'il y ait de blancs brûlés. Vous aurez ainsi le maximum de détails dans les blancs tout en vous assurant d'avoir aussi le maximum de détails dans les tons foncés.  Une fois ces notions bien intégrées, vous saurez lire et interpréter l'histogramme afin d'obtenir l'exposition idéale que vous désirez pour chacune des situations auxquelles vous serez confrontées.

Donc l'histogramme est votre outil privilégié pour voir si l'exposition déterminée par votre appareil photo est correcte. Cette exposition, quant à elle, est dépendante de la mesure de la lumière de la scène photographiée effectuée par le posemètre de votre appareil. Si, pour l'effet que vous désirez obtenir, vous trouvez que l'exposition n'est pas juste, vous devrez apporter des corrections d'exposition. Il vous faut donc comprendre et savoir comment et de quelle manière apporter ces corrections d'exposition en fonction de la mesure que votre posemètre vous indique.

Suite capsule #7: Corrections d'exposition