Mardi 24 mai: Aujourd'hui, nous quittons la Nouvelle-Orléans en direction de Lafayette en prenant l'InterState 10. La région à l'ouest de la Nouvelle-Orléans est très marécageuse et, même si la vue n'est pas très panoramique, il y a quand même une particularité intéressante. Sur de nombreux kilomètres, l'autoroute est construite sur des piliers. Vous me direz qu'il n'y a rien de très passionnant à se promener sur une autoroute surélevée, mais imaginez-vous circulant sur le boulevard Métropolitain et y jeter un coup d'oeil dessous, pour découvrir, au lieu de l'asphalte plate et le brouhaha que l'on connait, ses piliers enfoncés dans l'eau d'un bayou (une petite rivière) avec, ici et là, quelques grandes aigrettes en chasse, des pêcheurs qui taquinent le poisson de leur bateau et, tout autour, des quantités de tourbillons de "Spanish moss" qui pendent aux branches des arbres. Disons qu'on a déjà vu pire comme autoroute.

Arrivés (Notez que Lou n'apprécie pas de voir que le masculin l'emporte encore sur le féminin...) à Bâton Rouge, je décide de faire une petite incursion au centre ville. Comme je n'ai pas de carte précise de la ville, je me dirige au pif (que j'aurais bien long selon Lou qui trouve que le camion et la roulotte de 25pi ne font pas bon ménage avec les incursions improvisées dans les petites villes). Et comme de raison, après un court virage, surprise! Nez-à-nez avec une guérite d'où une madame bien corpulente me fait un «STOP» de sa main levée et me demande les yeux perplexes où je vais. Avec mon franglais (et mon sourire proverbial), je lui dis "I don't know!". Elle m'informe que je me trouve en fait sur un campus de collège, que je n'ai pas d'affaires ici et que je dois r'virer de bord illico. Je dois tourner à droite sur une petite rue, presqu'une allée étroite. J'entends les paroles silencieuses de ma douce à côté de moi "J'le savais qu'il ne fallait pas entrer en ville avec la roulotte !!!). Finalement, on décide de reprendre l'autoroute et lorsqu'on passe le pont qui traverse le Mississippi, la vue de la ville nous laisse sur l'impression que c'est une ville plutôt moderne et entourée d'industries pétrochimiques.

Nous arrivons à notre camping pour le dîner. Nous décidons d'explorer un peu la région en commençant par une visite de Beaux-Bridge, une petite ville située le long du bayou Teche qui origine d'une très belle légende dont voici un petit résumé. Il y a plusieurs années, régnait sur la région un énorme serpent venimeux dont les dimensions se mesuraient en milles. Il détruisait tout et rendait la vie difficile aux habitants. Le chef des Chitimacha décida donc un jour de réunir tous ses guerriers pour en finir avec le fameux serpent. Comme il n'y avait pas de pierres dans la région, ils se fabriquèrent des arcs et des flèches dont les pointes étaient les longs os de "garfish", un poisson aiguille. Ils finirent par tuer le serpent mais son agonie fut très longue. Entortillé sur lui-même, il   s'est enfoncé dans le sol. Après s'être décomposé, l'immense espace occupé par le corps du serpent s'est rempli d'eau et a formé une belle rivière pleine de méandres qu'on appelle aujourd'hui le bayou «Teche» qui veut dire serpent. Je ne sais pas pour vous, mais moi, j'adore ces légendes.

J'avais trouvé sur Internet les coordonnées d'un des seuls guides de "swamp tour" qui parle français. Nous nous rendions chez lui pour prendre rendez-vous pour un tour le lendemain mais juste comme nous arrivions, il était sur son départ avec un couple de québécois résidant à Hawkesbury. Il nous propose de partir avec eux pour un petit tour de 2 heures en privé. La journée est trop belle pour ne pas répondre spontanément à cette belle occasion, nous décidons d'embarquer.

Installez-vous confortablement, je vous amène sur les rives du Lac Martin dans un tour de bateau extraordinaire avec le coloré Norbert Leblanc, un pur cajun créole de 81 ans qui guide dans les bayous depuis plus de 50 ans et dont les grands-parents sont des acadiens arrivés en Louisiane lors du grand dérangement. Ces gens-là n'aiment pas parler de «déportation».

 

Le ciel est d'un bleu magnifique tacheté de gros flocons blancs. L'air est chaud mais une légère brise nous caresse la peau. Nous glissons lentement entre les cyprès sur la surface d'une eau envahie par des algues vertes. Le décor est féérique. Nous sommes heureux.

 

La madame est super contente de cette décision spontanée . . .

. . . et le monsieur aussi, car il avait son matériel photo avec lui. Dans ce genre de voyage, il faut "prévoir pour les imprévus". Nous avions même de la crème solaire supplémentaire, des bouteilles d'eau et notre anti-bibittes. Nous étions prêts !

 

Ce qui m'impressionne le plus dans cet environnement, ce sont les cyprès dont la plupart sont vieux de plusieurs centaines d'années. Émergeant de l'eau, ils s'élèvent vers le ciel, fiers, majestueux. Malgré leur grand âge, ils ne plient pas l'échine. La mousse espagnole qui pend de leurs branches leur donne des airs décoiffés. À chaque détour, c'est un spectacle nouveau et éblouissant.

 

Norbert accoste quelques minutes sous un de ces cyprès pour nous raconter quelques histoires. Il nous montre des photos de crocodiles qu'il a tués en nous expliquant comment on doit s'y prendre. Il nous parle de sa famille et des ses petits-enfants qui passent leur temps écrasés dans des gros sofas à texter sur leur cellulaire alors que, dans sa jeunesse, les jeunes passaient leur temps dehors dans le marais. Il nous montre des revues dans lesquels il a figuré, National Geographic, Lonely Planet, Grands Reportages. Il est même photographié avec notre cher maire Denis Coderre qui est venu l'an dernier. C'est un homme fier. Fier de ce qu'il a accompli dans sa vie, fier de sa région et on le sent. Il termine son petit laïus en nous offrant un petit verre de son whisky fabrication maison, de quoi faire décoller le méchant. 

Prendre un petit coup c'est agréable, mais on sent qu'avec cette "gnole" à 45%, ça pourrait devenir vite pompette.

Et pour ceux et celles qui trouvent qu'il est un peu tôt dans la journée pour un tel "petit boire", Norbert nous montre la preuve qu'il n'y a aucun problème car en Louisiane il est toujours 5 heures.

 

Cette magnifique promenade sur le lac St-Martin nous aura permis d'admirer les marais de la Louisiane. Deux heures de pur bonheur, d'une tranquille observance des beautés de la nature. Pour finir, quelques photos de ce que nous avons vus.

 

L'aigrette neigeuse

 

La grande aigrette

. . . en chasse

. . . après avoir attrapé sa proie.

 

L'anhinga d'Amérique

 

Le grand héron

 

Le bihoreau gris

 

Le héron vert

 

Un super crocodile

 

Et, plus petit, une libellule