Mercredi 6 juillet: Aujourd'hui, nous évoluons dans une des grandes œuvres artistiques de la nature, le "Painted Desert" et le "Petrified Forest National Park". Comme la visite du parc se fait majoritairement en auto, je croyais qu'en deux heures nous en aurions fait le tour. Nous y sommes restés près de cinq heures dans un état d'émerveillement et d'ébahissement total.

Pour réaliser une telle œuvre, il a fallut à l'artiste beaucoup de patience et de temps, quelques 250 000 millions d'années, rien de moins. Il a tout d'abord dû déposer plusieurs couches de sédiments riches en fer et en manganèse et de nombreuses couches de cendres volcaniques riches en silice, le tout en alternance.

 

 

 

Puis en utilisant le vent et l'eau, il a minutieusement et patiemment sculpté le paysage en commençant par créer de petites ravines dans le flanc des collines en laissant s'infiltrer l'eau dans le sol et dissoudre lentement la roche friable.

 

 

 

Alors que l'on peut facilement avoir l'impression que la plupart des collines se ressemblent, il suffit de s'arrêter quelques secondes pour saisir toutes les nuances, toutes les subtilités de couleurs que seul un peintre maître de sa palette peut utiliser.

 

 

L'artiste n'a pas oublié de saupoudrer un peu de végétation ici et là pour créer des abstractions magnifiques.

 

Et, une fois le travail achevé, en nettoyant sa palette et en se débarrassant de ses pigments, il a crée de nouvelles œuvres non moins magnifiques.

 

 

Il est difficile de s'imaginer que cette terre aride et désertique qu'est l'Arizona était, il y a quelques 225 000 millions d'années, une forêt tropicale avec une végétation luxuriante et sa faune particulière. En même temps qu'un grand artiste, à la fois sculpteur et peintre, était à l'œuvre dans la région, un autre transformait, tout aussi lentement, de magnifiques grands arbres en de toutes aussi magnifiques structures minérales.

Il se serait tout d'abord servi d'une gigantesque et puissante inondation pour arracher des milliers d'arbres de cette forêt et les entraîner sur de nombreux kilomètres détruisant l'écorce, les branches et les racines. Après ce premier travail, il déposa les troncs dans des lagunes ou des plaines fluviales. Ainsi noyés, à l'abri de l'air, les arbres auraient été protégés de la décomposition. Puis, à l'aide d'éruptions volcaniques projetant des tonnes de cendre,  il les aurait recouverts d'un manteau de minéraux allant jusqu'à 800 mètres d'épaisseur. Il venait ainsi de créer les conditions pour que ces minéraux pénètrent lentement à l'intérieur des troncs et y remplacent les cellules par des cristaux.

À cette époque, les Montagnes Rocheuses n'existaient pas.  Qu'à cela ne tienne, notre artiste provoqua alors leur soulèvement hissant ainsi les arbres en altitude. Puis, à l'aide de tremblements de terre, il les a brisés en de multiples morceaux. Pour peaufiner son travail, il utilisa les intempéries pour les craqueler, les eaux d'infiltration pour les disloquer et l'air pour oxyder leurs couleurs. Un vrai travail de maître.

 

 

 

 

Il est surprenant de se promener dans ces immensités et de n'y déceler pratiquement aucune forme de vie . . . sauf quelques petits lézards

 

. . . et l'omniprésent corbeau.