Bon, on est samedi 28 mai, il fait trop chaud dehors (32°C  avec une température ressentie de 44°C), je m'installe donc à l'ordinateur, à l'air climatisé de la roulotte pour me mettre à jour. On a décidé que c'était aussi la journée lavage… après 2 semaines quand même, on ne voulait pas sentir le «p'tit poney fatigué», une expression consacrée par les Forest/Bosset en voyage.

 

Jeudi 26 mai:  Nous décidons de faire la "Louisiana's Outback Creole Nature Trail", considérée comme étant une des routes panoramiques les plus vieilles de l'Amérique. Elle est décrite comme un mélange de présence humaine et de nature ainsi qu'une rare opportunité de voir les prairies fertiles de la Louisiane, les marais, les bayous et une grande diversité d'oiseaux et de plantes. C'est en plein que je cherchais.

Peu de temps après notre départ, nous passons devant un des immenses complexes de l'entreprise pétrochimique Citgo. Comme nous en avons vu plusieurs à date et qu'ils sont ÉNORMES, je m'arrête sur le bord de la route pour prendre quelques photos. Comme à son habitude! Lou me fait ses recommandations… et me dit de faire ça vite me rappelant qu'au Costa Rica, devant un champ démesuré d'ananas «Delmonte», on s'était fait interpellé par un  patrouilleur de sécurité qui avait exigé que je délite mes photos. Et ben merdre alors!!!! on venait à peine de se remettre en route qu'un véhicule de sécurité me fait signe de me tasser sur le bord.. Un garde armé sort de son véhicule, s'approche et me demande d'un air pas très content ce que je fais là. Je lui réponds bien simplement que nous sommes des touristes de passage et que, impressionnés par toutes ces installations, j'ai voulu prendre quelques photos en souvenir. Ne pouvant se contenter de ces explications, il appelle son superviseur et me demande alors d'attendre sur place. Quelques minutes plus tard, nous sommes entourés de trois camionnettes de sécurité et de quatre gardes armés. Après avoir jasé (dans mon anglais approximatif) avec le superviseur en question, bien gentil soi-dit en passant, après qu'il ait pris toutes mes coordonnées pour vérifier mon statut de citoyen sans tache, et s'être assuré que j'avais effacé toutes les photos prises, il m'a expliqué que toutes les installations pétrochimiques, portuaires, aéroportuaires, gares, bâtiments fédéraux, etc… sont sous haute surveillance à cause d'attentats terroristes possibles. Il nous a finalement laissé partir avec le sourire tout en nous mettant en garde de ne pas recommencer. Avant de quitter, je lui ai demandé conseil sur notre itinéraire pour profiter au mieux de la Nature trail et en lui mentionnant que j'aimerais bien trouvé les «walking trail». Finalement, ce fut une petite demi- heure un peu spéciale à mettre dans notre boîte à souvenirs.

En reprenant la route, je dis à Lou que le superviseur m'avait vraiment fait un drôle d'air quand je lui ai parlé des  «walking trail». Quand j'ai vu son regard style «Eeeeeee??????», je lui ai demandé si j'avais dit quelque chose qui fallait pas et il m'a répondu «something like profanity! but I'm sure you dont tell that» Lou est partie à rire en me disant qu'il avait surement dû entendre «fucking trail». Y paraît que mon accent y serait pour quelque chose mais je ne comprends pas vraiment pourquoi !!! On l'a bien rit et même que le fou-rire nous a repris plusieurs fois au cours de la journée.

Après cet interlude quelque peu ébranlant (ma blonde me dit souvent que ma «douce» délinquance l'a toujours attirée sauf dans les moments comme celui-ci…. ), nous nous retrouvons sur la Creole Nature Trail. Nous sommes dans ce qu'ils appellent le "Louisiana's outback". Le pays des bayous et des marais. Que de plaisir j'anticipe ! Il devrait y avoir de la vie . . .  ben non, déception, c'est plutôt mort. Nous ne sommes pas dans la bonne saison. C'est surtout un endroit qui doit être excellent durant les périodes migratoires de printemps et d'automne.

Nous faisons une petite marche sur un sentier accessible aux chaises roulantes…donc pas trop fatiguant! qui mène au cœur du marais. Une chance qu'il vente, car aussitôt que la brise tombe un tant soi peu, nous sommes assaillis par les maringouins ou autres moustiques piqueurs et, comme nous ne voulons pas être victime du chikungunya et autres maladies exotiques, nous marchons vite et observons peu. Nous reviendrons peut-être… dans une autre vie. On est déçu mais on a le fou-rire. Comme journée ratée, c'en est toute une!

J'ai quand même pu ramener quelques images:

Une libellule se reposant sur une branche. Quand on prend le temps de les regarder, ces petites bêtes sont magnifiques avec leurs ailes transparentes. On dirait même que celle-ci porte un casque protecteur.

Une aigrette neigeuse au plumage ébouriffé par le vent, en chasse sur le bord d'un bayou.

La saison des fleurs semble également terminée mais il en reste encore quelques-unes.

C'est un milieu qui semble propice au lièvre car nous en avons vu pas moins d'une dizaine le long du sentier.

La Creole Nature Trail traverse non seulement les marais mais longe également le Golfe du Mexique. Par cette journée de vent, la mer est relativement agitée. Nous avons pu voir au loin, les fameuses plateformes de forage de pétrole qui s'élève au-dessus de la mer. L'une des plateformes BP a d'ailleurs fait des dégâts énormes en déversant des milliers de gallons de pétrole dans le golf il y a quelques années.

Comme la région est souvent la cible d'ouragans et de tempêtes violentes, les maisons construites face au Golfe, le sont sur pilotis. Je ne sais pas si je me sentirais vraiment en sécurité lorsque les grands vents se lèvent. Il me semble que j'aurais peur que les vents décident de jouer au cerf-volant avec ma maison.

Un engoulevent cherchait sa pitance en survolant la plage.

. . .de même qu'une avocette d'Amérique

Vendredi 27 mai: Nous décidons de cocher la Louisiane et de traverser au Texas. Nous sommes bien conscients que nous n'avons pas vu beaucoup de choses et que nous sommes probablement passés à côté de plein de sites supers intéressants, mais c'est comme ça. Nous n'avons que 10 semaines (même si ça semble long, c'est court pour traverser les USA est-ouest puis ouest-est) et nous devons saupoudrer notre temps un petit peu ci et là. Donc, direction Austin, Texas. Nous décidons également de passer outre Houston, même si on en entend beaucoup parlé et que la NASA y est installé. C'est une très grosse ville et après avoir lu une chronique de Marie-Claude Lortie de La Presse+ sur Austin, cette dernière nous semble plus à notre mesure, moins grosse, plus humaine.

Alors c'est parti pour, selon Julie la belle voix de mon GPS, un cinq heures de route. C'était sans compter sur un énorme bouchon, juste un peu de l'autre côté de Houston, d'une vingtaine de kilomètres où nous faisons du 15-20 kilomètres/heure, et de quelques autres plus courts mais tout aussi lents.

Au fur et à mesure de notre progression, de lourds nuages gris et très bas commencent à nous encercler. Tranquillement, subtilement, ils envahissent le ciel de tous les côtés. Le vent se fait de plus en plus puissant. Il faut que je garde les deux mains sur le volant et une bonne concentration pour contrecarrer les coups que reçoivent le camion et la roulotte et ne pas me faire déporter dans une voix latérale. Les nuages se font de plus en plus menaçants. Il y a certainement quelque chose qui se prépare.

On regarde tout autour et on se demande si nous ne sommes pas dans une de ces tempêtes à tornades tellement les nuages sont noirs et bas. Tout à coup, un première éclair suivi presqu'immédiatement d'un coup de tonnerre qui nous fait sursauter et la pluie commence à tomber. Tout d'abord par petites ondées. Et puis soudainement, c'est le déluge. Je roule à 30-40 km/hre, les essuie-glace à vitesse maximale, les clignotants d'urgence activés et c'est à peine si je vois devant moi. Ça tombe, ça tombe, ça tombe! Sur certaines parties de la route, j'ai l'impression de rouler dans un petit ruisseau. Je dois faire attention pour éviter de faire de "l'aqua planning" avec le camion et la roulotte. Je sens ma blonde à côté légèrement ( . . . et peut-être un peu plus!) crispée. Je dois rester concentré sur la route. Le vent balaie des trombes d'eau, le ciel gronde. Lou me demande pourquoi on ne s'arrête pas. Je pense qu'on est mieux de continuer en étant prudent pour traverser cet énorme nuage d'orage. Il est énorme en effet, car nous roulons pas moins de 100 km avant de voir la pluie diminuer, la couche nuageuse s'amincir et l'horizon s'éclaircir.

Alors que nous devions arriver vers 14h30 au camping, il est tout près de 17h45 lorsqu'enfin nous y arrivons. SURPRISE, il n'y a pas de place. De un, nous sommes vendredi et les terrains sont réservés pour la fin de semaine et de deux, hier ils ont subi l'orage que nous avons traversé et plusieurs terrains ont été inondés, donc inaccessibles. La jolie demoiselle à l'accueil du camping m'informe que toute la région a subi de lourdes inondations et qu'ils ne sont pas seuls dans cette situation. Ça se confirme lorsque nous devons nous résigner à aller coucher dans un Walmart après s'être tapé le nez sur deux autres campings (non inondés) pleins pour la fin de semaine. Vous comprendrez donc qu'il n'y aura pas de photos aujourd'hui.

 

Samedi 28 mai: Comme nous ne pouvons pas décrocher la roulotte dans un stationnement de Walmart et comme les prévisions météo d'Austin indiquent à 80% des risques d'orages forts aujourd'hui et demain, nous décidons de sacrifier les beautés d'Austin et de partir pour San Antonio. Nous nous installons dans un petit camping à quelques 30 minutes au sud de San Antonio et comme le ciel est incertain et comme il fait trop chaud dehors (32°C  avec une température ressentie de 44°C), je m'installe donc à l'ordinateur, à l'air climatisé de la roulotte pour me mettre à jour. On a décidé que c'était aussi la journée lavage… après 2 semaines quand même, on ne voulait pas sentir le «p'tit poney fatigué», une expression consacrée par les Forest/Bosset en voyage. (ben oui, je le sais, j'ai déjà dit ça au début, mais je voulais boucler la boucle).

Et pas de photos aujourd'hui non plus.