Lundi 18 juillet: Après quatre jours de route, 2 200km de bitumes, quatre états traversés (Nouveau-Mexique, Oklahoma, Arkansas et Tennesse), trois réparations mineures sur la roulotte, quelques bouchons de circulation et deux heures de sommeil perdues (retour à l'heure du Québec), nous nous sommes arrêtés pour une journée de récupération à Pigeon Forge au pied des Great Smoky Mountain. Louise en profite pour s'avancer dans du travail reçu et moi pour faire du ménage dans mes photos et autres picochines.

Comme je n'avais fait aucune recherche spécifique sur les attraits des grandes villes des états du centre des USA, nous avons tout simplement traversé des villes comme Oklahoma City, Memphis, Nashville sans s'y arrêter. Nous sommes possiblement passer à côté de choses intéressantes mais, comme il est impossible de tout voir, nous avons choisi de nous rapprocher de la côte Est le plus rapidement possible plutôt que de s'attarder dans ces villes. Étant sur la route toute la journée, à l'exception de quelques photos prises rapidement, la caméra s'est pas mal reposée dans son sac.

Nous voici avec le sourire même après  plus d'une heure de stationnement sur la I-40 à cause de l'incendie d'un camion transportant des automobiles !

 

Comme nous passions dans le fameux "corridor des tornades", j'ai vraiment cru que nous y goûterions ou, à tout le moins, que nous assisterions  à quelque chose de spécial . . . mais nous sommes passés à côté sans savoir si ces nuages en développeraient une. De toute façon, ça ne nous tentait pas vraiment de le savoir et surtout pas de le «woir»!

 

En essayant d'imiter Lucky Luke et d'être plus vite que son ombre, ma blonde a tenté d'être rapide sur le déclencheur et prendre quelques photos en roulant. Exploit difficile que de prendre de telles photos la fenêtre baissée, entre les poteaux et les arbres qui défilent à toute vitesse devant l'objectif et les cahots de la route qui font constamment sursauter la caméra tenue à bout de bras. Malgré tout, quelques réussites comme ici, Memphis avec le Mississipi qui coule à ses pieds.

 

. . . et là, Nashville.

 

Nous approchons de la fin de ce merveilleux périple et commençons à faire le bilan de ces neuf semaines de découvertes.  Entre autres choses, cette question que je me suis posé à plusieurs reprises durant le voyage et qui a été soulevée dans le dernier courriel de mon ami Marc-André. "Pourquoi n’y a-t-il pas plus de personnages dans mes photos ?  Moi qui aime prendre des scènes de vie, des expressions captées sur le vif, pourquoi pas ici ?"

En y réfléchissant, j’ai constaté que presque toutes mes photos de visages, d’expressions, de scènes de vie ont été prises au Vietnam, en Chine, en Inde, alors que nous étions en groupe et en voyage organisé et que ce type de photos étaient absentes lors de mes voyages en Europe ou ailleurs aux États-Unis. En premier lieu, je considère le fait de prendre en «close up» des personnes dans la rue comme une sorte d’intrusion dans leur intimité et que cette intrusion doit se faire dans le plus grand respect possible de la personne. En voyage organisé, nous sommes en groupe et facilement identifiés comme touristes et dans ce contexte, je crois, qu'il est plus facilement accepté que l’on braque notre caméra de «touriste» sur une personne sans qu’elle se sente agressée ou envahie dans son espace intime. Un autre facteur important que j'ai réalisé, c'est que le fait d’être en groupe, apporte un sentiment de sécurité important. Comme mes appareils photos sont assez dispendieux, je sais que je peux attirer la convoitise de certaines personnes. Le fait d'être en groupe, de se retrouver dans l’autobus après nos promenades et le soir à l’autel, il est plus difficile pour quelqu’un de me suivre pour me voler voire m'agresser d'une quelconque façon. 

Par contre, en voyageant seul avec ma blonde, le contexte est très différent. Pour s’attirer le moins de problèmes possibles, j'ai préféré rester le plus discret possible et ne pas tenter le diable. Dans ce contexte, j’ai réalisé que je ne me sentais pas à l’aise de lever ma caméra à grand objectif devant des gens, surtout avec le climat de suspicion qui règne un peu partout en ce moment aux Etats-Unis. Je crois qu’il est relativement facile pour quelqu’un de voir dans ce geste une forme d'agression, d'intrusion non désirée dans son intimité. J'imagine facilement les gens se questionner: "C'est qui lui ? C'est quoi qui veut faire avec ma photo ?". De plus, comme ce sont surtout les gens des différentes communautés autochtones que j’aurais aimé photographier et que dans mes lectures sur Internet, on rapportait que,  très souvent, il était interdit de photographier sur les réserves sans autorisation, ben disons que ça a mis un frein à mon enthousiasme. Dans les villes où la chaleur est très élevée, le monde est en dedans à l'air climatisé et dehors, ce sont les touristes qui dominent. Hors des villes,  nous nous sommes souvent retrouvés seuls dans des environnements quasi-déserts où pas grand monde se pointait le nez. De toute façon, à la grandeur des espaces libres du paysage, je me suis également rendu compte que les gens sont peu visibles dans de telles immensités. Il aurait fallu que j'ajoute un télescope à ma caméra pour viser kékun! Faute de pouvoir prendre des photos, on s'est rabattu sur les grandes questions philosophiques qui accompagnent traditionnellement les voyages où foisonnent de grands espaces désertiques qui s’étendent à perte de vue à savoir "De quoi ces gens peuvent-ils bien vivre ici ? Où sont-ils ? Qu'est-ce qui font le soir???"

Je reviens donc de ce voyage avec pleins d’images de paysages et de villes mais pratiquement aucune de gens qui y vivent. Ces images sont toutefois bien enfouies dans ma boîte à souvenirs.